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« Héros de l’ombre » pour le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) : tel est l’intitulé du CDD de deux mois pour lequel Marie (qui, comme les autres intervenants, n’a pas souhaité donner son nom) s’est portée candidate en juin, et qui consiste à coordonner le transport des accrédités vers les lieux de compétition, grâce à des véhicules officiels intégralement conduits par des volontaires. A son arrivée, elle déchante : sans en avoir été informée au préalable, elle découvre qu’elle devra travailler debout six jours par semaine, dix heures par jour, parfois la nuit. Au fil des semaines, la fatigue s’accumule.
A l’autre bout de l’Ile-de-France, Manon, elle, est salariée d’un service opérationnel du Cojop depuis neuf mois. A partir de mars, les cadences se sont accélérées, et il n’était plus possible de prendre de congés : « On nous a imposé des shifts [plages horaires] sur de nouvelles fonctions, sans repos hebdomadaire, en sachant que nous devions continuer à gérer notre propre charge de travail après avoir fini ces shifts. C’est comme si on avait deux journées de travail en une. On a vu, à l’approche des Jeux olympiques, qu’il y avait un manque de ressources humaines et budgétaires. »
Une quinzaine de salariés du Cojop décrivent au Monde des conditions de travail dégradées et une charge de travail disproportionnée, allant jusqu’à un travail en continu, chaque jour, de 8 heures du matin à minuit. Il n’est pas rare que les cent heures par semaine aient été dépassées durant les Jeux. Ils ont tous souhaité garder l’anonymat, car leur contrat indique qu’ils sont « garants de l’image de Paris 2024 », et tenus à « une obligation de discrétion et de confidentialité ».
Pourront-ils au moins tirer le bénéfice de ces nombreuses heures supplémentaires ? Non, car ils sont au forfait jours, comme l’intégralité des 3 200 salariés travaillant, à la fin août, pour le Cojop. Ce mode d’organisation du travail, qui concernait 14,7 % des salariés français en 2021 (presque intégralement des cadres), ne fait pas de décompte des heures de travail, mais laisse les personnels concernés s’organiser de manière « autonome » sur chaque jour qu’ils travaillent. Les rémunérations de ceux-ci oscillent entre 2 500 et 3 000 euros brut mensuels au Cojop, ce qui signifie qu’ils touchent en réalité moins que le smic horaire.
Les employés déclarent pourtant avoir des plages horaires de travail imposées, et aucune autonomie, soit l’inverse du forfait jours : « Un manageur m’a dit que partir plus tôt de sa journée était considéré comme un abandon de poste », explique Pierre, en contrat de trois mois sur une fonction d’agent de maîtrise. Son contrat mentionne pourtant que le salarié, « cadre autonome », « dispose d’une autonomie et d’une indépendance significatives dans l’organisation et la gestion de son emploi du temps ».
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